Pourquoi une statue de Jean Gabin à Brest ?

La popularité nationale et internationale de Jean Gabin (1904-1976) est indéniable, mais peu connaissent les liens qui unissent l’acteur à la ville de Brest, et plus largement au Finistère.

Ces lieux ont marqué des étapes majeures de sa vie, d’homme, de comédien et de militaire. Le présent projet revêt ainsi plusieurs dimensions fortes.

Une dimension culturelle, en référence au film et au livre Remorques…

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Affiche du film Remorques

Le film Remorques de Jean Grémillon, est tourné à Brest en 1939/1940. Jean Gabin y interprète le rôle d’un capitaine de remorqueur, aux côtés de Michèle Morgan et de Madeleine Renaud. Les dialogues du film sont signés Jacques Prévert, poète très attaché à la ville de Brest (Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là…).
Le roman Remorques écrit par Roger Vercel en 1935, dont le film est une adaptation, s’inspire des exploits du commandant Malbert à bord du remorqueur Iroise basé à Brest, entre 1924 et 1932.

Une dimension historique, en lien avec les destins croisés de Jean Gabin et de la ville de Brest, marqués tous deux par la seconde guerre mondiale

Copyright – tous droits réservés Musée Jean Gabin – Mériel – Le second maître Moncorgé devant le char Le Souffleur II

Le 3 septembre 1939, la guerre est déclarée. Le film Remorques est interrompu, puis redémarre quelques mois plus tard, et sera finalement achevé dans les studios de Billancourt.
Refusant de tourner pour l’occupant allemand, Jean Gabin s’exile aux Etats-Unis en 1941. Mais à partir de 1943, il décide de s’engager dans le combat pour la libération de la France, d’abord dans les forces françaises navales libres, puis dans la 2e DB du général Leclerc.
C’est par Brest qu’il revient en France en septembre 1944, à bord du croiseur La Gloire, l’un des premiers bateaux à pénétrer dans la rade de Brest, tout juste libérée et partiellement déminée.
Il retrouve la ville détruite par les nombreux bombardements, méconnaissable.
Brest aura ainsi marqué son entrée dans la guerre, et son retour au pays. L’acteur en revient transformé, le visage émacié, les traits durcis et les cheveux entièrement blancs. Il lui faudra plusieurs années avant de retrouver des personnages à incarner au cinéma ; et jamais plus il ne jouera des rôles de soldat dans ses films.

Une dimension symbolique, en lien avec l’identité maritime de Jean Gabin, à la ville comme à la scène…

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Photo René Jacques – A l’arrière de la remorque

« Ce qu’il y a de magnifique chez les marins, c’est que tous les gars dépendent les uns des autres, tout le monde fait son boulot. C’est très chouette la Marine ! J’adore la Marine ! » (Jean Gabin à Yvon Bourges, ministre de la Défense – cité par André Brunelin dans la biographie Gabin)
Une estime réciproque et des valeurs communes – entraide et camaraderie, courage et dévouement – unissent Jean Gabin à la Marine et aux gens de mer. Il avait d’ailleurs fait son service militaire en 1924-25 en tant que fusilier marin à Lorient.
La statue représentant Jean Gabin sous les traits du capitaine de Remorques aura vocation à évoquer symboliquement les gens de mer, et particulièrement les sauveteurs, civils et militaires, de tous temps. Pour toutes ces raisons, la Marine nationale soutient au projet.
Une fois la statue édifiée, et si les fonds dédiés au projet étaient récoltés en excédents, ceux-ci feraient l’objet d’un don à la SNSM, laquelle soutient également le projet.

Une dimension mémorielle, qui rappelle l’attachement de Jean Gabin à la pointe du Finistère et à Brest…

Interview Gabin
Le Télégramme 04.07.1969

Dès 1951 et jusqu’à sa mort, Jean Gabin a pris ses quartiers d’été avec sa famille à l’Hôtel de la Plage, à Sainte-Anne-La-Palud, en baie de Douarnenez.
En 1975, il accompagne son fils Mathias lors de son embarquement sur La Jeanne-d’Arc, et retrouve la ville dont il aura été le témoin des « transformations », en l’ayant connue avant, après-guerre, et reconstruite.

Carte Pierres Noires

Le 15 novembre 1976, Jean Gabin s’éteint à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 72 ans. Il souhaitait, à l’époque, ne laisser derrière lui ni tombe ni monument, et ne voulait pas de funérailles publiques.

Selon ses dernières volontés, ses cendres seront immergées au large de Brest, en mer d’Iroise (aux Pierres Noires), depuis l’aviso Détroyat, escorteur de la Marine nationale, le 19 novembre 1976.